Trois bonnes raisons

Téléchargez l’outil en PDF

Phases du processus : 2 (planifier l’action)

Objectif
Accompagner le groupe pour une décision importante relative à un choix entre deux options.
Cette méthode est intéressante pour une décision qui demande de trancher entre entreprendre ou non une action ou encore décider de continuer ou d’arrêter une action. Elle est particulièrement utile lorsque les opinions sont polarisées.

Durée : 2 à 3 heures

Matériel
L’énoncé de la décision à prendre
Six grosses bandes de cartons par équipe et des marqueurs pour chaque équipe
Pour la mise en commun  : un tableau divisé en deux colonnes avec deux titres ( par exemple  : Continuer et Arrêter )

Conditions
    • Le groupe comprend pourquoi il est rendu à prendre
      cette décision.
    • La décision a un impact important sur le groupe.
    • Le groupe est divisé sur l’option à choisir.
    • Le groupe est prêt à faire un effort d’ouverture.

Dans notre exemple, le groupe est divisé entre arrêter et continuer d’organiser la manifestation prévue.

Déroulement

D’abord, créez de l’ouverture…
Comme tou·te·s désirent trouver la meilleure option pour atteindre le but commun, il faut être disposé à analyser chaque option. Cela demande de l’ouverture. C’est pourquoi au tout début de la démarche il est nécessaire de recentrer le groupe vers le but commun. Une bonne façon est de rappeler aux participant·e·s l’importance de leur mobilisation et l’impact positif qu’un gain pourrait avoir sur d’autres personnes.
Invitez donc chaque membre du groupe à mettre à profit son expérience et son intelligence, non pas pour convaincre que son idée est la meilleure, mais bien pour trouver la meilleure solution pour le groupe. Expliquez qu’ensemble le groupe va analyser les deux options et que c’est sur cette analyse que va se baser la décision finale du groupe.

… puis lancez un défi.

Le travail peut être présenté comme un défi : mettez les membres du groupe au défi de trouver trois bonnes raisons pour arrêter et trois bonnes raisons pour continuer et ce, indépendamment de leur opinion. Le nombre de trois apparaît idéal puisque l’exercice est confrontant. Il peut être très difficile pour quelqu’un qui est convaincu qu’une action est vouée à l’échec de trouver plusieurs raisons de continuer.

1. Mise en place

a ) Expliquez le travail à faire :
« On va diviser le groupe en petites équipes. Votre travail : trouver trois bonnes raisons pour arrêter et trois bonnes raisons pour continuer.
Chaque raison va être écrite ou dessinée sur un gros carton.
Chaque sous-groupe va présenter ses résultats ( encouragez la répartition des présentations entre tous les membres de l’équipe ).
On va regarder le résultat et prendre notre décision. »

b ) Séparez le groupe en équipes ( nombre de membres impair ).

c ) Rappellez les raisons qui vous amènent à prendre la décision, par exemple : insatisfactions, doutes sur la faisabilité, manque de temps, changement dans la conjoncture, etc.

2. Discussion en sous-groupe

Chaque équipe discute pour trouver trois bonnes raisons de continuer et trois bonnes raisons d’arrêter. Si le nombre dépasse trois, l’équipe doit choisir les plus importantes. Chaque raison est inscrite sur un carton séparé.

3. Mise en commun 

Choisissez une des deux options pour commencer. À tour de rôle, chaque sous-groupe présente un carton et le colle au tableau. Si vous sentez que la raison n’est pas claire, vous pouvez demander à l’équipe d’expliquer davantage.
Après chaque présentation, demandez s’il y a des raisons qui sont semblables. Si c’est le cas, superposez les cartons. Cette étape implique une relecture des éléments déjà nommés et permet de garder en tête l’ensemble des réponses, ce qui facilitera l’analyse.
À tour de rôle, chaque groupe présente ensuite ses trois bonnes raisons pour la deuxième option.

4. Mise au point

Félicitez les équipes pour leurs efforts. Profitez-en pour vérifier le degré de difficulté du travail et prendre les commentaires globaux sur le travail. Ces éléments peuvent s’avérer utiles ; par exemple, le fait que plusieurs nomment qu’il a été plus difficile de trouver des bonnes raisons pour une des options nous renseigne sur leur préférence.

5. L’analyse des résultats

Une fois le portrait complété, on passe à l’analyse.

a ) Observations
Dans un premier temps, votre rôle est d’accompagner les participant·e·s dans un travail d’observation des résultats.
Voici une liste de questions :

    • Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous frappe quand vous regardez le tableau dans son ensemble ?
    • Si on regarde les bonnes raisons pour continuer, remarquez-vous quelque chose ?
    • Si on regarde les bonnes raisons pour arrêter, remarquez-vous quelque chose ?
    • Et si on compare les deux colonnes ?
    • Qu’est-ce qu’on peut dire sur le nombre de cartons différents ( les cartons superposés comptent seulement pour un )? Y en a-t-il plus d’un côté que de l’autre ? Exemple de réponses : il y a plus de cartons différents dans la colonne arrêter. Qu’est-ce que ça nous dit ?
    • Si on regarde les raisons qui se répètent, que peut-on dire là-dessus ? Est-ce qu’il y a des raisons qui ont été nommées par toutes les équipes ? Qu’est-ce qui fait que tous ont nommé la même raison ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Exemple de réponse : on est tous d’accord avec cette raison.
    • Pour chaque colonne, est-ce qu’il y a des raisons que vous n’avez pas nommées, mais avec
      lesquelles vous êtes d’accord ? Indiquez lesquelles sont les plus populaires.

Lorsque vous constatez que le groupe est allé au bout de l’exercice, passez à l’étape suivante.

b ) Dégager des constats
Afin d’aider les participant·e·s à prendre leur décision, renommez les constats qui se sont dégagés lors de l’exercice. Par exemple :

    • Nommez les raisons qui ont été reprises par tout le monde et les plus populaires.
    • Soulignez le nombre de raisons différentes pour chaque option.
    • Soulignez certains points communs.
      Exemple : Plusieurs raisons pour arrêter ont rapport avec l’échéancier alors que beaucoup de raisons pour continuer portent sur la peur de décourager les groupes alliés.

Invitez le groupe à compléter.

2 – Dégager des constats

Afin d’aider les participant·e·s à prendre leur décision, renommez les constats qui se sont dégagés lors de l’exercice.  Par exemples :

  • nommez les raisons qui ont été reprises par tout le monde et les plus populaires;
  • soulignez le nombre de raisons différentes pour chaque option;
  • soulignez certains points communs. Exemple : plusieurs raisons pour arrêter ont rapport avec l’échéancier alors que beaucoup de raisons pour continuer portent sur la peur de décourager les groupes alliés.

Invitez le groupe à compléter.

6 – La prise de décisions

a ) Les décisions possibles
Rappellez que ce que vous cherchez est la meilleure solution et qu’il faut à ce moment-ci être
capable de voir ce que l’analyse vous dit.

Trois options s’offrent au groupe :

    • Arrêter.
    • Continuer selon le plan initial.
    • Modifier l’action à la lumière des éléments soulevés dans les raisons pour arrêter.

b ) Les modes de décisions
Idéalement, pour ce type de décision, on optera pour un mode de décision par consensus plutôt que majoritaire. Cependant, considérant la lourdeur de ce processus, il faut préalablement revérifier si les positions sont toujours aussi polarisées. Un vote indicatif secret pourrait en effet donner le pouls du groupe et lui permettre de décider plus rapidement entre les trois options.


Conception et rédaction :
Nathalie Germain