La matrice préférentielle

ou Matrice de classification de préférences par paire

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Phase du processus : 2b (choisir l’action)

Objectifs
Choisir entre plusieurs options de même nature, toutes jugées pertinentes.
Identifier les priorités ou les préférences des individus et ou du groupe.
Comprendre les raisons ou les critères des individus et du groupe.

Durée : 2 à 3 heures

Matériel
Grand tableau avec feuilles
Trois exemplaires de chaque élément à comparer et une version miniature (voir 1 – confection de la matrice) 

Notre situation pour l’exemple et les illustrations :
Un groupe de 15 participant·e·s en alphabétisation de Montréal doit choisir un lieu pour installer une exposition d’affiches de sensibilisation et un kiosque.

Étapes préalables

1- Tempête d’idées sur les choix possibles
2- Identification de critères selon l’objectif, le moyen et le profil du groupe.
3- Réduction de la liste d’idées à l’aide des critères et recensement des choix préférés. Cinq maximum, quatre idéalement.

Dans notre exemple illustré, le groupe a gardé sept lieux, ce qui selon nous est trop.

Déroulement

1. Confection de la matrice

Fabriquez un tableau de colonnes et rangées selon le nombre d’éléments à comparer : par exemple, pour 7 éléments il faudra un tableau de 8 x 8, pour 4 éléments, un tableau de 5 x 5. Positionnez la même série d’éléments sur la ligne horizontale et la ligne verticale du tableau en suivant le même ordre.

Pour chacun des mots, symboles ou images, on prévoit trois exemplaires grands formats. Un exemplaire pour l’axe vertical du tableau, un second pour l’axe horizontal et un exemplaire pour identifier l’option préférée entre les deux éléments comparés. Finalement, une version miniature pour chaque participant·e facilite l’animation du travail en groupe.

 

 

On ne compare pas deux éléments semblables ; c’est pourquoi l’intersection de deux cases semblables est bloquée. Il faut aussi bloquer les cases qui impliqueraient de refaire une deuxième fois la même comparaison, d’où la configuration en forme d’escalier.

L’intersection de deux cases semblables est ici bloquée par une feuille blanche

2. Présentation de la matrice 

Méthode suggérée : méthode de la découverte
Dans un premier temps, invitez le groupe à observer les composantes de la matrice. Par une série de questions, amenez ensuite le groupe à découvrir par lui-même à quoi sert l’outil et quel est son fonctionnement. Il s’agit ici pour les participant·e·s d’émettre des hypothèses, d’en modifier certains éléments de faire des liens. Encouragez donc le groupe à tenir compte des idées de chacun·e et encouragez la prise de parole de tou·te·s. Il est important de toujours souligner les qualités des idées émises.
L’idée est que les participant·e·s s’approprient l’outil ; ils et elles constatent que chacun·e a une part de mérite dans la réponse. Donc avant même de commencer le travail sur la matrice, les participant·e·s expérimentent un travail d’équipe où chacun·e contribue à la réflexion du groupe.

3. Situer l’activité

Rappeler simplement et clairement des éléments déjà nommés par le groupe :

  • l’objectif de la démarche (on veut parler aux gens et montrer nos affiches pour qu’ils arrêtent de nous juger sans nous connaître).
  • Les étapes de la démarche qui ont été réalisées jusqu’à maintenant, d’où l’intérêt de toujours documenter avec les participant·e·s les grandes étapes: photos, illustrations.
  •  Le fait que les éléments à comparer ont déjà été évalué comme répondant aux critères du groupe. Que le travail vise à trouver le meilleur parmi les meilleurs. (On veut trouver l’endroit qui va le plus nous aider à réussir notre action).

Rappeler les principes ou valeurs pour faciliter les échanges, le travail en groupe.

 4. Utilisation de la matrice 

Il s’agit d’identifier un élément de la ligne verticale et un élément de la ligne horizontale. Ces deux éléments sont comparés entre eux. On indique le lieu qui est le plus populaire en collant sa photo à l’intersection des deux éléments comparés. La matrice se construit ainsi par séquence de comparaison par paire.

a) Sélection des éléments

Identifiez, en pointant dans la matrice, les deux endroits à comparer. Les participant·e·s trouvent les deux images correspondantes dans leurs images miniatures.

b) Évaluation

Pour aider la réflexion, utilisez des questions qui permettent d’évaluer chacun des endroits. Les participant·e·s sont invité·e·s à partager leur réponse avec le groupe. Cette animation est importante afin d’éviter les factions dans le groupe.

Il est important de noter les raisons et arguments.

Si on pense à notre objectif,

  • Quelle est la plus grande qualité, ou la plus grande force du Stade, du Vieux port?
  • Si on s’imagine sur place, qu’est-ce qui facilite l’activité, pour le Vieux Port, pour le Stade?
  • Est-ce qu’il y a des éléments du Stade qui pourraient nuire? Du Vieux Port?

c) Le choix
Suite à ce partage d’idée, chacun·e réfléchit au choix à faire entre les deux options.

Entre le Stade et le Vieux Port, lequel des deux serait le meilleur pour réussir notre action? Quel endroit serait le plus aidant?

Chacun·e sélectionne l’image correspondant au meilleur endroit mais sans montrer son choix aux autres. Afin de limiter le jeu d’influence, demandez que tou·te·s révèlent leur choix en même temps puis procédez au décompte. Une fois les choix révélés, demandez à un nombre égal de participant·e·s en faveur de chaque option ce qui les a guidé·e·s dans leur décision : leurs critères, ou encore l’élément déterminant : force ou limite d’une des options et prenez en note.
Après deux séquences les participant·e·s comprennent le principe et peuvent donc prendre en charge certaines tâches : pointer les éléments à comparer, coller l’image du gagnant.

Entre l’option 1 et l’option 2, c’est l’option 2 qui l’emporte.

Le travail se poursuit jusqu’à ce que tous les éléments aient été comparés entre eux.

5. Le résultat final
Une fois que tous les éléments ont été comparés entre eux, il faut identifier celui qui a été préféré le plus souvent. Comptabilisez alors les résultats pour chaque option et indiquez au bout d’une rangée ou d’une colonne l’option la plus populaire. Il peut être intéressant de noter le nombre de votes pour chacun. Enfin, les participant·e·s identifient le choix final.

En cas d’égalité
Deux options peuvent avoir les mêmes résultats. On vérifie alors laquelle des deux options a été la plus populaire, lors de la comparaison.

L’option 2 a été préférée 4 fois dans tout le tableau, d’où le chiffre 4 au bas de la colonne. En effet, si on observe la matrice on constate que l’option 2 a été jugée meilleure que les options 1, 4, 5 et 6. L’option 5 n’a été préférée que 2 fois, soit lorsqu’elle a été comparée à 1 et à 6, d’où le chiffre 2 au bas de la colonne.

Les options 3 et 7 ont été préférées 5 fois mais lors de la comparaison, la 7 avait obtenu le plus grand nombre de votes. Le choix final est donc l’option 7.

Commentaires

Cette animation convient aux décisions dont l’objet est très concret et précis et qui ne soulèvent pas de gros enjeux (pour de gros enjeux, le consensus sera privilégié).

Préparez bien les questions d’animation : attention à ne pas renforcer les préférences individuelles; portez attention aux jeux des influences dans le groupe.

Limitez le nombre d’éléments, sinon c’est trop long. Sept, c’est trop.

La démarche est plus riche (utile pour la suite) si on porte attention aux critères et arguments des personnes.

Le vocabulaire lié à l’activité peut créer des inégalités de participation car ils ne sont pas très accessibles. Il y a souvent confusion entre «ligne» et «colonne», entre «vertival» et «horizontal». Il est plus efficace de pointer les éléments plutôt que de les situer verbalement.


Rédaction :
Nathalie Germain
Source : MARP (Méthode active de recherche participative)