Phase du processus : 1b (questionner)
Objectif
Développer un contre-discours face aux préjugés répandus envers le groupe /la communauté
Matériel
Un tableau à confectionner à votre manière ( voir les photos en exemple. )
Durée : 4 à 10 ateliers de 90 à 120 minutes
Préalables
Les membres du groupe ont identifié les préjugés ou les jugements comme un obstacle majeur à leur émancipation.
Vous avez amassé des données sur le sujet ( les informations essentielles en réponse aux questions ou fausses vérités qui pourraient survenir en cours de processus ).
Déroulement
Dans un premier temps, vous aurez besoin de poser une ou des questions générales : Qu’est-ce qui est difficile, qui nous juge…
Prévoyez les catégories du tableau à partir des premières discussions avec les membres, de vos lectures et de vos objectifs.
Prévoyez en moyenne un atelier par colonne. Remplissez les colonnes au fur et à mesure de l’avancement de la démarche.
Exemple : Notre projet concernait les préjugés envers les personnes assistées sociales.
La question de départ était : « L’an passé on a fait une pièce de théâtre qui disait que c’est dur de réussir à avoir de l’aide sociale. Il y a un problème que vous nommiez très souvent aussi : le manque de respect. Quand vous dites que vous avez pas de respect, est-ce que c’est seulement des agents ? De qui aussi ? »
Nos catégories étaient :
-
- Combien on est ? ( parce que des impressions très éloignées de la vérité étaient émises par les membres du groupe à ce sujet )
- Qui nous juge ?
- Ce que fait le gouvernement
- Le monde dit qu’on est des fraudeurs, mais…
- Le monde dit que c’est de notre faute, qu’on est paresseux, mais…
- À quoi ça sert les préjugés ?
- On a droit au respect ( parce que… )
- Ce qu’on veut
Pour chaque sujet, inscrivez au fur et à mesure tout ce qui a été nommé dans vos discussions.
Exemple : Qui nous juge ? Sont notés ce que le groupe répond : le gouvernement ; les nouveaux voisins dans les condos ; tout le monde ( ceux qui travaillent, ceux qui travaillent pas ).
Pour chaque sujet, prévoyez une ou des questions pour aller plus loin.
Exemple : Qui nous juge ? « Vous avez dit : le gouvernement ; les nouveaux voisins dans les condos ; tout le monde. Comment les préjugés se rendent jusqu’à tout le monde ? ( Le groupe répond : avec la télé et la radio. ) Qu’est-ce qu’on entend le plus souvent à votre sujet dans les médias ? Le moins souvent ? Où on entend le plus de choses négatives ? »
Chaque question amène des discussions et des commentaires souvent utilisé sur-le-champ, mais souvent conservés pour être notés plus tard dans le processus ( quand on est rendu à cette colonne, par exemple ).
Enfin, prévoyez apporter des informations du type « Saviez-vous que… » si – et quand – vous pensez que c’est pertinent.
Exemple : Le monde dit que c’est de notre faute… « Saviez-vous que seulement 8,5 % des personnes
assistées sociales pourraient se trouver un emploi ? » ( MESS, 2006 ).
Une des clés de cette démarche est de noter ce que les personnes disent de pertinent même si ce n’est pas utile tout de suite, de réutiliser ces paroles comme point de départ d’une discussion et de nommer la personne qui avait amené le propos auquel vous faites référence.
Exemple : « Thérèse a dit : « Pourquoi ils en parlent autant si c’est juste 3 % de fraude ? Pourquoi tout
ce poids sur nos épaules ? » Elle a aussi dit : « On entend le discours sur nous dans les médias, pis on vient
à douter de nous-mêmes ». Qu’est-ce qui se passe avec le monde qui doute, qui se sent mal ? »
Une autre clé est de maîtriser le sujet soi-même pour être à l’affût des idées reçues.
Exemple : À Que fait le gouvernement ? La discussion bifurque vers la fraude. Après avoir laissé s’exprimer le groupe sur ce sujet, j’en ai profité pour lancer ce Saviez-vous que… « il y a entre 2 et 3% de fraudeurs à l’aide sociale, comme dans la société en général ( aux impôts par exemple ) ». La discussion a continué sur ce sujet.
N’hésitez pas à changer l’ordre des sujets en cours de processus ou à ajouter une colonne selon votre jugement de ce qui est approprié et utile.
À chaque fois que vous travaillez sur le tableau, faites-le relire par les membres.
Comme évaluation, vous pouvez utiliser l’outil Oui, mais…
Dans notre expérience, après cette activité d’évaluation, les participant·e·s étaient capables, collectivement, d’argumenter contre chacun de ces préjugés.
À la question « Qu’est-ce qui vous a fait particulièrement du bien de partager ou d’apprendre ? », ils et elles ont répondu : les catégories, le taux de fraudeurs si bas, la source et l’utilité des préjugés, puis mentionnent : « ça nous permet de pas dire d’affaires qui pourraient nuire à d’autres [personnes assistées sociales] ».
Commentaires
La colonne « Qui nous juge ? » est importante car elle permettra de choisir une cible pour l’action plus tard.
Les colonnes « Les gens disent… » est centrale à la présente démarche. Il pourrait y avoir plus de colonnes de ce type.
La colonne « On a droit au respect » constitue une étape longue, difficile, mais importante.
La colonne « Ce qu’on veut » permet de nommer des solutions souhaitées qu’il faudra prioriser et préciser par la suite.
Vous pouvez faire créer les colonnes sur les préjugés ( Les gens disent… ) par le groupe. Il s’agira de faire deux ou trois catégories à partir des différents préjugés nommés. Utilisez pour ce faire la méthode détaillée dans notre outil L’analyse de situation par catégorisation .
Dans cet exemple, l’animatrice a créé les catégories elle-même.
Un des outils artistiques utilisés pour aider à démarrer certaines discussions était l’Impro dirigée.
Conception et rédaction : Esther Filion