Est-il nécessaire d’évaluer la réussite et les impacts d’une œuvre communautaire, et si oui, comment?

Pour cette question, les points de vue étaient fort variables d’un·e artiste à l’autre, voire contradictoires!

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Si on parle de réussite, on parle aussi d’échec, et dans le cadre d’une oeuvre communautaire, il n’y a pas d’échec possible!  Juste d’avoir créér l’oeuvre, c’est une réussite, donc il n’est pas nécessaire d’évaluer sa réussite.

Par contre, évaluer le processus lui donne de la valeur, étant donné qu’il est tout aussi important que le résultat.

Concernant les impacts : il faut savoir ce qui est important pour le groupe.  On évaluera les impacts si le groupe dit que c’est nécessaire de la faire.  Si c’est le cas, il y a plusieurs types d’impacts : individuels, sur le groupe et sociaux.

Au niveau des impacts individuels, il faut se mettre d’accord au préalable à partir de critères choisis par le groupe et les objectifs que chacun·e se sera donnés.  Il est important de quantifier les impacts comme la prise de parole ou le développement de la confance en soi par l’auto-évaluation et la formulation d’objectifs personnels.  Un objectif aussi minime que «parler à trois personnes» peut être très important selon les personnalités.

Au niveau des impacts sur le groupe, on doit s’être mis d’accord sur l’objectif final de l’oeuvre (où est-ce qu’on voulait aller, qu’est-ce qu’on voulait faire, ou dire).

Concernant les impacts sociaux, quand une oeuvre est un moyen de mettre de l’avant une revendication, ça peut être plus difficile à quantifier, mais ça reste important de ne pas les négliger.

Il est important que les participant·e·s aient un sentiment de fierté par rapport à leur oeuvre.  Il est important aussi que le public soit satisfait de ce qu’il a vu, qu’il reconnaisse une qualité dans ce qu’il a vu.  Cela dit, nos critères sur la réussite d’une oeuvre ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux des participant·e·s.  Ça reste leur projet d’abord, plus que celui de l’artiste, donc leur satisfaction (et celle du public) doit rester au coeur l’évaluation.  Ce qui est sûr c’est qu’il y a un équilibre à trouver.

Il est important d’avoir formulé des objectifs atteignables pour pouvoir évaluer l’action.  Qu’est-ce qui fait que ça serait pour nous une réussite?  Qu’est-ce qui fera que notre action aura eu un impact?  Ne pas laisser le groupe dans un flou émotionnel mais évaluer de façon plus concrète les réussites et les échecs du projet, et ce pour apprendre des erreurs.  L’objectif d’un projet reste d’avoir un impact.

Il y a aussi le processus qu’on peut évaluer.  Le plaisir en cours de projet, comment on s’est senti…

L’oeuvre doit absolument être signifiante et avoir une portée/un contenu artistique (qui puisse raconter, émouvoir, …), mais cela est très subjectif.  Le groupe mais aussi le public aussi doit reconnaitre la création comme une oeuvre artistique.

Pour pouvoir bien évaluer, il faut nommer les contraintes dans lesquelles les artistes communautaires travaillent (de temps, budgétaires) qui sont souvent irréalistes.  Les objectifs, quand ils sont imposés, sont alors aussi irréalistes.

Il est nécessaire d’évaluer la réussite d’une oeuvre communautaire.  Évaluer en fonction des objectifs donnés au départ, et même régulièrement en cours de projet, pour voir si les participant·e·s s’approprient bien l’objectif fixé au départ.  C’est important pour relever les points forts, pour s’encourager, se féliciter, s’améliorer en fonction des points plus faibles.

Concernant les impacts, il seront plus facile à évaluer si l’objectif est concret et à court terme (par exemple, la création d’un jardin communautaire) que s’ils sont trop vastes (par exemple s’ils concernaient l’évolution des droits des femmes).


Transcription d’une capsule audio issue de la
Formation sur la création collective en art communautaire animée par Dominique Malacort en 2019.

Ont participé à cette réflexion : Isabelle Anguita, Danièle Bergeron, Isabelle Caron, Iris Debauve,
Muriel de Zangroniz, Jessica Lambert Massicotte, Nadège Leblanc, Cynthia Noury, Fred Péloquin,
Jeanne Pinchaud et Jade Préfontaine.