Comment s’assurer que les participant·e·s se reconnaissent dans la création collective tout autant que l’artiste?*

*Par cette question nous faisons référence aux différences culturelles qui existent bien souvent entre les participant·e·s et l’artiste et qui se reflètent dans les goûts et préférences artistiques.

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D’abord et avant tout, il faut avoir des conditions nécessaires à la pleine création (temps, ressources, etc.).

Le dialogue et la discussion sont importants au début du projet, ainsi que la formulation d’objectifs communs et négociés.

Être à l’écoute du groupe tout au long du processus, afin de ramasser les pépites (voir document #2: ramasser les pépites).

Avoir des objectifs qui sont à la fois clairs et souples, et qui énoncent leurs limites : quels sont les compromis non acceptables?  Par exemple, si un projet ne dure que 10 semaines, ce sera le rôle de l’artiste de ramener, de recadrer le projet afin qu’il soit réalisable.

Assumer l’expertise de l’artiste, ne pas se sentir imposteur, se donner le droit d’intervenir et de recadrer.

Se permettre de réévaluer collectivement nos critères de réussite (ce qui permet au groupe d’injecter ses propres critères).

Dissocier sa pratique personnelle de la pratique collective.

Donner les outils d’expression au groupe, pour lui permettre d’être mobilisé à plusieurs étapes du processus.

Identifier les codes culturels du groupe et tenter d’obtenir des références communes, une vision commune de qui on est et quel regard unique et complexe on est capable de donner à notre création.

Il est important de penser à la diffusion et à la valorisation de l’oeuvre, de boucler en présentant l’oeuvre et en la documentant, pour permettre au groupe de réaliser tout le processus accompli.

Intituler une création collective est une étape importante.  Par exemple, dans une brève activité de création en sous-groupe à partir de créations individuelles avec du papier, le fait de nommer ce qu’on voyait dans l’oeuvre et de l’intituler donnait le sentiment d’avoir créé quelque chose de légitime, de partager un discours et une appartenance commune à ce qui avait été créé.  Cela favorisait la génération de discours et d’histoire sur la création.

L’artiste arrive avec l’idée de transmettre un certain nombre de compétences et d’outils, mais doit rester ouvert·e de découvrir une culture populaire, par exemple, et le nouveau vocabulaire qui vient avec.  L’artiste voit ensuite comment proposer au groupe, à travers des techniques et outils, d’intégrer ce contenu dans une nouvelle forme (davantage connue par l’artiste) et comment aider le groupe à s’approprier cette forme (médium).  

La qualité, la finition sont très importants.  L’artiste doit donc évaluer si les idées sont réalistes en termes de temps et de ressources et mettre des limites en conséquence.  Le groupe doit être fier, et l’artiste de son côté sentir que le projet nourrit sa création et sa démarche artistique.


Transcription d’une capsule audio issue de la
Formation sur la création collective en art communautaire animée par Dominique Malacort en 2019.

Ont participé à cette réflexion : Isabelle Anguita, Danièle Bergeron, Isabelle Caron, Iris Debauve,
Muriel de Zangroniz, Jessica Lambert Massicotte, Nadège Leblanc, Cynthia Noury, Fred Péloquin,
Jeanne Pinchaud et Jade Préfontaine.